Un adage familier qui en dit long sur le métier de scénariste.

Je suis sûr que nous avons tous lu ou entendu cet adage :

“Gardez la tête dans les nuages et les pieds sur terre.”

Si vous cherchez sur Google, vous trouverez toutes sortes de “spécialistes du développement personnel” et de “motivational speakers” qui détournent d’une manière ou d’une autre ce vieil aphorisme pour nous encourager à chercher un équilibre entre nos ambitions et les réalités de la vie.

Adaptons-le à l’écriture de scénarios et ses dures réalités.

Une chose que j’ai toujours faite sur Go Into The Story, c’est de reconnaître qu’il y a très peu de chances qu’un scénariste de cinéma s’introduise par effraction dans le métier. La concurrence est féroce. Les acheteurs sont hésitants. Les emplois sont limités. (NdT : en France, seul 1 long-métrage développé sur 10 franchit la barre de la mise en production).

Bref, c’est un chemin difficile pour arriver à gagner sa vie comme scénariste de cinéma. Quiconque vous dira le contraire ment ou dira n’importe quoi.

Alors qu’est-ce qu’il faut faire : lâcher l’affaire ?

Si vous aimez le cinéma…

Si vous croyez en votre créativité…

Si vous avez l’envie de vous démener et d’affûter votre métier…

Si vous sentez l’appel d’une passion et que cette passion est l’écriture de scénario…

Comment pouvez-vous ne pas poursuivre votre objectif ? Faire moins que cela serait renier une partie essentielle de qui vous êtes vraiment au fond. Et à moins de croire en la réincarnation, vous n’avez qu’une seule occasion de poursuivre vos rêves dans cette vie.

Vous ne pourrez peut-être jamais vendre un scénario « on spec » qui fera un million d’entrées. Vous n’aurez peut-être jamais votre belle maison, votre appartement parisien ou ce qui vous fait rêver. Il se peut même qu’aucun de vos scénarios de long-métrages ne soit produit.

Malgré tout, n’y a-t-il pas une réelle valeur intrinsèque à reconnaître ce qui fait partie intégrante de votre identité, à y répondre et à entreprendre votre propre “voyage du héros” ?

Car malgré les difficultés de nouveaux scénaristes percent dans le métier chaque année. Pas beaucoup, mais un peu. Y compris des outsiders complets. Je le sais. J’en étais un.

Alors, comment considérer la problématique du désir de poursuivre l’écriture de scénarios pour le cinéma à la lumière des probabilités vraiment réduites de pouvoir en faire un vrai métier ?

Je propose que nous prenions ce vieil adage mentionné plus haut et que nous le retournions.

“Gardez les pieds sur terre… et la tête dans les nuages.”

Commencez par reconnaître que les chances de faire partie des scénaristes à succès sont minces. La concurrence est féroce. La nécessité de connaître l’art et l’artisanat du métier est exigeante.

Cette prise de conscience va vous permettre en premier lieu de garder les pieds sur terre et cela constitue un point de départ fondamental.

Ensuite, si vous vous sentez « appelé » par votre créativité ou si vous êtes « consumé » par la magie du cinéma, il n’y a rien de mal également à garder la tête dans les nuages. N’est-ce pas de là, en quelque sorte, que vient ce que nous appelons l’inspiration ?

Visualisez l’écriture d’un excellent scénario de film.

Imaginez que ce scénario vous installera dans le métier.

Rêvez de devenir un grand scénariste.

C’est cela avoir la tête dans les nuages.

En tant que scénaristes, nous vivons tous cette dichotomie profonde. C’est foutrement dur de réussir. Mais nous sommes voués quasi malgré nous à poursuivre dans cette voie.

Comment fait-on ça ?

Les pieds sur terre… la tête dans les nuages.

© Scott Myers – Article traduit par un.e scénariste membre de La Guilde française des scénaristes.