L’origine et l’importance d’un des meilleurs mantras d’écriture de scénario.

La source de ce mantra? C’était un de mes étudiants en ligne. Au cours d’une session hebdomadaire de chat en direct. Je n’arrêtais pas d’expliquer par écrit l’importance de rédiger des descriptions de scène resserrées, tendues et maigres, de les rendre facile à visualiser, propres sur la page, en insistant fortement. Puis un étudiant m’a écrit :

“Minimum de mots, maximum d’impact ?”

Ici, j’étais coupable de la chose même que je dénonçais, et boum !

Le commentaire parfait. Six mots. Et un maximum d’impact en effet !

Les scénarios sont une forme unique. Contrairement aux romans qui peuvent compter des centaines, voire des milliers de pages, un scénario de long métrage ne dépasse généralement pas 120 pages, encore moins de nos jours avec des scénarios d’action, de comédie et d’horreur qui comptent de 90 à 95 pages. Le simple fait d’avoir une limite au nombre de pages signifie que vous devez être attentif à la façon dont vous approchez l’utilisation des mots lorsque vous manipulez la description d’une scène.

Au-delà de ça, il y a une considération esthétique. Les textes remplis d’encre noire sont non seulement moins agréables à lire, mais ils sont aussi plus difficiles à appréhender par un lecteur. L’espace blanc est plus attrayant pour l’œil, ce qui peut avoir un effet psychologique sur le lecteur et permettre une meilleure lecture. En vérité, j’ai connu des lecteurs de scénarios qui m’ont dit qu’ils détestent lire la description des scènes et qu’ils sautent souvent de gros blocs pour lire le dialogue. Pourquoi ? Parce que les marges de dialogue sont plus étroites et donc plus faciles à lire.

Mais il y a une raison encore plus importante pour laquelle nous devons être incroyablement exigeants quant aux mots que nous utilisons lorsque nous écrivons une description de scène : Pour avoir un impact sur le lecteur.

Comment fait-on ça ? Verbes puissants. Noms et adjectifs visuels. Paragraphes resserrés. Écriture imagée (voir ce conseil). Voici un exemple du début de Matrix. 14 lignes et une tonne d’action. Longueur moyenne des paragraphes : 2 lignes. Et notez ces descripteurs: clin d’œil, vitesse inhumaine, nez qui éclate, sang qui gicle, coups de pied, massue de démolition, viande et os qui percutent, claquements, murs déchiquetés, fantôme de cuir, TIRS et COUPS DE FEU. Vous pourriez presque juste lire ces mots-clés et vous faire une idée de l’action.

Et voici un extrait d’un scénario français, l’ouverture d’Un homme idéal, écrit par le Guildien Guillaume Lemans, et Yann Gozlan. Phrases courtes, paragraphes d’une ou deux lignes, beaucoup de blanc sur la page, clarté et impact sur le lecteur.

Bien sûr, le mantra se rapporte aussi au dialogue. J’ai entendu une anecdote sur l’une des premières choses que fait Clint Eastwood lorsqu’il accepte de jouer dans un film, il prend un marqueur rouge et barre la moitié de son dialogue.

Les films sont avant tout un médium visuel. Créer des moments où, avec un minimum de dialogue, nous laissons l’émotion de la scène opérer sa magie dans le sous-texte et le silence, c’est le plus souvent la meilleure façon de procéder.

Classez ça sous l’étiquette “less is more”.

Minimum de mots, Maximum d’impact.

© Scott Myers – Article traduit par un.e scénariste membre de La Guilde française des scénaristes.