Si votre but est d’écrire des scénarios pour le marché « mainstream », je ne soulignerai jamais assez l’importance de votre concept d’histoire. Comme je l’ai déjà expliqué en détail, ce concept est fondamental pour le succès de votre scénario.

Donc supposons que vous vous y mettiez sérieusement. Vous avez trouvé plein d’idées d’histoires. Formidable. Comment les évaluer ?

Voici quatre questions que vous pouvez vous poser à propos de n’importe quelle idée qui vous vient à l’esprit, afin de vous aider à déterminer si elle vaut la peine d’être développée en un scénario :

 

Le concept est-il accrocheur ?

Le concept doit avoir des éléments narratifs suffisants pour “accrocher” l’imagination du lecteur, éveiller sa curiosité et provoquer chez lui une réponse émotionnelle. Ces éléments peuvent comprendre l’idée de base, des personnages clés tels le protagoniste ou l’opposant,  le conflit central, les thèmes par lesquels l’histoire se rattache à un “genre”.

Le concept contient-il une promesse ?

Le concept doit indiquer au lecteur la direction générale que va prendre l’histoire, et contenir la promesse que le voyage sera intéressant. Quand un décideur, producteur ou agent entend un concept d’histoire, il veut pouvoir cerner le contour général de l’histoire et ce qui le rend percutant.

Le concept a-t-il un public ?

Le concept doit s’adresser à un public spécifique, que le lecteur peut identifier immédiatement à une population démographiquement ciblée. Toute personne qui est en position de financer ou pas un développement quand il/elle entend un concept d’histoire se demandera immédiatement : “Qui va aller voir ce film ?”

Est-ce que le concept est suffisamment riche pour en faire un long-métrage ?

Le concept doit sembler “riche”, quelque chose qui peut maintenir l’intérêt d’un lecteur (et au bout du compte d’un public) pendant près de deux heures. Du point de vue d’un décideur, cette question est directement reliée à la précédente : “L’expérience de regarder ce film satisfera-t-elle l’attente d’un spectateur qui a dépensé 10 euros ou plus pour le voir ?”

J’ai posé ces quatre questions du point de vue d’un lecteur et d’un “acheteur” de scénario, mais elles marchent aussi en se  plaçant du point de vue du scénariste qui regarderait l’histoire strictement comme un projet d’écriture :

Le concept est-il suffisamment accrocheur pour que j’ai la certitude de pouvoir l’approfondir et en tirer une histoire divertissante ?

Le concept contient-il une promesse qui suggère clairement une intrigue principale forte, et une ligne thématique menant à une résolution satisfaisante ?

Le concept s’adresse-t-il à un public assez ciblé pour que je sache pour qui j’écris l’histoire ?

Le concept est-il assez riche pour que je trouve les éléments narratifs dont j’ai besoin pour écrire une histoire intéressante de cent pages ou plus ?

Si ces  questions ne “parlent” pas assez à votre âme de scénariste, celle-ci le fera sûrement:

Cette histoire a-t-elle une résonance pour moi sur le plan personnel ?

Vous pouvez être tombé par accident sur la meilleure idée de scénario de tous les temps, si elle ne vous touche pas, si vous ne ressentez  pas un immense enthousiasme pour les possibilités narratives qu’elle recèle, et/ou si elle ne correspond pas à vos talents d’écriture, alors ce n’est sans doute pas une bonne idée d’écrire cette histoire.

Il est nécessaire d’avoir une certaine connexion personnelle avec une histoire pour en trouver le noyau émotionnel et insuffler de la vie à ses personnages.

Il est nécessaire  d’être passionné par une histoire pour se remettre jour après jour à sa table de travail et aller jusqu’au bout. L’écriture est un travail difficile. Ecrire une histoire pour laquelle vous ne ressentez pas beaucoup d’enthousiasme est vraiment TRÈS difficile.

Donc, cinq questions pour vous aider à évaluer un concept d’histoire, mais surtout : vous devez être passionné par l’histoire que vous écrivez pour être capable de l’écrire de telle façon qu’elle jaillisse de la page imprimée et prenne vie dans l’imagination du lecteur.

© Scott Myers – Article traduit par un.e scénariste membre de La Guilde française des scénaristes.