Soutien de l’audiovisuel public | « Défendre l’audiovisuel public, défendre la création française »

Lors du récent Festival de la Fiction de La Rochelle, la présidente de France Télévisions Delphine Ernotte-Cunci a fait part de sa profonde inquiétude quant à l’avenir de la création sur le service public. Les réductions budgétaires qui se succèdent et de nouvelles perspectives à la baisse, menacent fortement ce pilier essentiel de la diversité culturelle française accessible à tous les citoyens.

S’ajoutent à cela des menaces récurrentes contre le pluralisme et la liberté d’expression. Les récentes attaques contre l’audiovisuel public par le Rassemblement National dans les médias, et les demandes incessantes de privatisation qui s’en suivent, révèlent une méconnaissance dangereuse des réalités économiques et culturelles. Il faut dire les choses aux spectateurs français : privatiser France Télévisions relève de l’impossible et de l’irresponsable.

L’argument économique est implacable : le marché publicitaire français, déjà saturé entre TF1, M6 et les plateformes numériques, ne peut absorber le volume de programmes de France 2, France 3, France 4, Arte et nos radios publiques, financés aujourd’hui par les subventions publiques. Ce modèle économique n’est pas conçu pour la rentabilité privée mais pour le service public.

Aucun investisseur ne se portera acquéreur de cette offre dans son intégralité. Privatiser, c’est donc condamner certaines de ces chaînes à la disparition pure et simple.

Or, France Télévisions est le premier financeur de la création audiovisuelle française et le deuxième financeur du cinéma national. Elle représente près de 50% de l’offre d’animation sur les chaînes gratuites. Détruire ce pilier, c’est signer l’arrêt de mort de milliers d’emplois : techniciens, artistes, et bien entendu auteurs-scénaristes verront leurs moyens d’existence anéantis.

Privatiser, c’est ainsi condamner nos héros populaires – Capitaine Marleau, Astrid & Raphaëlle , Alex Hugo , Un Si Grand Soleil, Parlement… – et ceux de nos enfants : Oscar & Malika, Les As de la Jungle, Foot2Rue, Angelo la Débrouille, Wakfu… Ces créations qui font rayonner notre culture et nourrissent l’imaginaire collectif français disparaîtraient avec leurs chaînes.

Ces programmes reflètent la mission de l’audiovisuel public, ainsi qu’une ambition démocratique essentielle : celle d’une télévision qui œuvre pour la cohésion sociale, la diversité culturelle, l’égalité entre les femmes et les hommes, et qui assure une représentation authentique de la société française dans toute sa richesse. Aucune chaîne privée n’a cette obligation, ce devoir citoyen.

C’est pourquoi La Guilde française des scénaristes exprime son soutien et sa solidarité avec la direction de France Télévisions et des autres composantes de l’audiovisuel public. La pérennité d’un budget lui permettant d’assurer pleinement ses missions, tout autant que son indépendance éditoriale et financière aux lois du marché, doit être préservée. Afin de défendre une France qui cultive la diversité des regards et des récits.