Considérez l’universalité de la narration en trois mouvements.

Dans « La Poétique », Aristote a écrit : « Un tout [histoire] est ce qui a un commencement, un milieu et une fin ». Son articulation de chacune de ces trois parties, et la manière dont elles s’imbriquent les unes dans les autres, est la suivante :

« Un commencement est ce qui ne vient pas nécessairement après autre chose, et qui a naturellement quelque chose d’autre après. Une fin est nécessairement ou le plus souvent après quelque chose, et sans rien d’autre par la suite. Et un milieu est ce qui est par nature après une chose et en a aussi une autre après elle. »

Début. Milieu. Fin. Trois parties. Trois mouvements.

Le chiffre “3” est particulièrement intéressant :

     – Trois est le premier nombre premier impair et le deuxième plus petit nombre premier.

     – Il existe trois types de galaxies : les elliptiques, les spirales et les irrégulières.

     – Trois divisions terrestres de base : Magmatique – Métamorphique – Sédimentaire

     – Freud a suggéré que le psychisme était divisé en trois parties : Le Moi, le Surmoi et le Ça

     – La Sainte Trinité : Le Père – le Fils – le Saint-Esprit

Il y a un sens inhérent de la structure dans le chiffre 3 :

     – Un triangle a trois côtés et angles

     – Il y a trois longueurs dans une triade

     – C’est la forme la forme la plus basique d’un accord

Il y a aussi un sentiment de finalité quand on fait l’expérience de cette troisième partie: 

     – Jamais deux sans trois.

     – La troisième fois sera la bonne.

     – Un… Deux… Trois !

Par ailleurs, il y a des cycles naturels de l’univers physique qui reflètent trois mouvements :

     – Aube, Jour, Crépuscule.

     – Départ, Voyage, Retour.

     – Naissance, Vie, Mort.

Et il en va de même dans le monde des idées :

     – La dialectique d’Hegel : Thèse Antithèse Synthèse.

     – La sonate en musique classique : Exposition, Développement, Réexposition.

Cette idée des trois mouvements [Début – Milieu – Fin] est si fondamentale dans l’expérience humaine, qu’il n’est pas étonnant qu’elle ait dominé la narration sur Broadway et à Hollywood depuis plus d’un siècle. On la connaît sous le nom de :  

Structure en 3 actes

Il est plus que probable que vous avez déjà utilisé ce concept. Il vous est même peut-être si familier, que son idée peut sembler assez évidente.

En fait, il y en a qui se moquent de la structure en 3 actes comme d’une approche dépassée de l’écriture de scénarios. Je ne suis pas d’accord. Et je vous y incite fortement : ne vous éloignez pas de la structure Début – Milieu – Fin.

D’abord, d’un point de vue pragmatique, alors que les personnes impliquées dans le processus de création d’un film peuvent avoir des idées ou des compréhensions différentes du scénario, je vous garantis qu’ils connaîtront tous le concept des trois actes.

Agent, directeur de studio ou producteur, réalisateur ou acteur, tout le monde utilise « Acte un, Acte deux et Acte trois » quand il s’agit de discuter d’un scénario de long-métrage.

Plus important et directement lié à l’écriture de scénario, ces trois mouvements sous-tendent tous les aspects du métier :

     – Chaque scène devrait avoir un Début – Milieu – Fin.

     – Chaque séquence devrait avoir un Début – Milieu – Fin.

     – Chaque sous-intrigue devrait avoir un Début – Milieu – Fin.

     – Chaque scénario devrait avoir un Début – Milieu – Fin.

Début. Milieu. Fin.

Mouvement naturel des histoires.

Mouvement naturel des scénarios.

© Scott Myers – Article traduit par un.e scénariste membre de La Guilde française des scénaristes.